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vol. 16 / 29 mars — 14 avril 2013
DUPLICATA
Cécile Meynier

exposition de clôture de résidence FRAC Franche-Comté/MJC Palente.
Un second volet est présenté à la MJC Palente du 25 mars au 7 avril 2013




+ conférence performative de Marguerite Bobey
autour du travail
de Cécile Meynier
samedi 6 avril 2013


Dans une de ces légendes que les artistes entre eux, colportent et augmentent de leurs propres souvenirs ; il est conté que Chaïm Soutine n'hésita pas un jour, à détruire un mur de son atelier pour en extraire un de ses chefs d'œuvre ! Il y a fort à parier que Cécile Meynier n'hésiterait pas demain à extraire « au forceps » une de ses sculptures, quitte à en laisser quelques miettes sur le chemin du transport...

Cela étant dit, il nous faut préciser que cette apparente désinvolture vis à vis du finish fetish 1 et de l’extrême minutie propre aux artistes californiens, procède en réalité d'une parfaite décontraction et de l'assurance de celui qui n'est pas là pour « faire de la figuration ».

Cécile fait ainsi partie de cette génération de sculpteur qui assume pleinement la dimension austère, triviale et bon marché des matériaux qu'elle emploie (crépi, couleurs fluo, parpaings et chutes de placoplâtre). Cette matière première peut ensuite être déployée dans l'espace d'exposition (Pot pourri, 2012, Chapelle du Carmel de Chalon-sur-Saône) esquissant alors des architectures fantasmées ; ou ramassée dans une forme plus dense, à l'image de Raum 19 2 d'Imi Knoebel, renvoyant ainsi dos à dos, l'art à sa matérialité dans un agencement semblable à son état d'origine : la cour des matériaux.

Qu'il s'agisse d'une œuvre in situ ou d'une pièce d'atelier, Cécile laisse travailler le lieu, à son rythme. Ainsi, des chutes de carton oubliées sur une feuille de papier noir, se révèlent être un pochoir, imprimant leur ombre à la poussière de ponçage (Dessin de poussière, 2011) tandis qu'une fine plaque de placoplâtre peinte en noir, endosse le rôle de cimaise et courbe, toujours un peu plus, sous le poids du cadre qui lui est attribué (Californium, 2012, Les Bains Douches).

« Une sorte d'hyperformalisme avec un faux projet » 3

De Didier Marcel qui fut son professeur, à l'école des Beaux-Arts de Besançon, Cécile a hérité d'une maîtrise de l'espace et d'un sens plastique aigüe, sachant dégager dans le réel, ce qui était contenu en puissance, là juste sous nos yeux.
En 2006, dans la série Cache tags, elle révéla ainsi les abstractions anonymes des agents municipaux de Besançon, qui avaient pour consigne de dissimuler des tags dans des camaïeux de gris et de beige.
Cette même année, elle scinda l'espace d'exposition de la galerie Néon à Lyon, en découpant la ferronnerie de la mezzanine et en installant la rambarde dans une diagonale autoritaire et menaçante (Dérapage n°10, 2006, Galerie Néon, Lyon) rendant la notion de spectaculaire beaucoup moins familiale.

Pour Duplicata, son exposition de clôture de résidence en partenariat avec le Frac Franche-Comté et la MJC Palente, Cécile s'est immergée dans le quartier, à travers ses maisons castors 4 et son architecture singulière qui fut initialement conçue pour pallier provisoirement le pic démographique de l'après guerre. A l’affût de greffons architecturaux et d'accidents plastiques, le travail de Cécile s'est nourrit de ses itinérances dans Palente qui fut dans les années 70, le décor d'un autre rapport de masse.
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1 Finish Fetish, fétichisme de la finition, mouvement né sur la côte ouest des États-Unis, à la fin des années 1960, où des artistes « puisent leur inspiration dans leur environnement quotidien : la culture populaire, le surf, le hot rod..
2 L’artiste allemand Imi Knoebel s'est fait connaître dès sa première œuvre d’envergure en 1968 réalisé dans un atelier de l’Ecole de Düsseldorf. Ce travail intitulé Raum 19 inscrit sa pratique à la charnière de la peinture et de la sculpture. Châssis, panneaux d’aggloméré et baguettes sont exposés posés au sol ou adossés au mur les uns contre les autres au sein d'un jeu de superposition en strates.
3 Citation de Didier Marcel, dans une vhs, vue dans les années 2000 à la bibliothèque de l'école des Beaux-arts de Besançon
4 Le terme castor désigne ces groupes d'individus qui, dans les années cinquante, décidèrent de s'unir dans l' autoconstruction et construire ensemble une cité ou un groupe d'habitations.

© photos : Nicolas Waltefaugle / © vidéo : Marguerite Bobey